Franck provost, itinéraire d'un coiffeur surdoué

Le 06/11/2009 à 09h25 - Expert Zone

Il sont bien loin les débuts du coiffeur sarthois. Impossible de passer à côté de cette personnalité hors du commun, l'empereur de la coiffure s'affiche partout : publicités, bouteilles de shampoing... Débarqué à Paris il y a 40 ans "pour ne pas végéter", Franck Provost est à la tête de Provaillance, second groupe mondial de coiffure (qui se compose des enseignes Franck Provost, Jean Louis David, Fabio Salsa, Saint Algue, Maniatis, Coiff&Co, Niwel, Intermède, Interview et Saint Carl). Avec pas loin de 2500 salons dans le monde, 200 millions d'euros de chiffre d'affaire et près de 12% du marché de la coiffure en France, le coiffeur français talonne le géant du secteur, l'américain Regis. Retour sur l'itinéraire d'un prodige de la coiffure...

L'histoire commence dans la bourgade de Lude, dans un petit salon de coiffure. Yvon (son vrai prénom) se fait embaucher en contrat d'apprentissage dans le salon de coiffure de sa mère. Trois ans plus tard, le coiffeur sarthois pose ses valises à Saint Germain en Laye et ouvre son premier salon. C'est la qu'il rencontrera sa femme, Monique, avec qui il relookera une boutique de coiffure un peu vieillotte, montera une équipe de coiffeur très "hip hop" et instaurera un concept jusque la inconnu : la journée continue de coiffure sans rendez-vous. Le concept du salon plaît... Pour s'amuser, Franck se met à courir les concours de coiffure officiels sous la bannière de l'oréal. Il arpente les podiums, fréquente mannequins et stars, et surtout se fait un nom en remportant les titres de meilleur coiffeur d'Europe et de meilleur coiffeur du monde.

"4 ans plus tard, mon beau frère me prête à nouveau de l'argent pour ouvrir un deuxième salon dans Paris, avenue Franklin Roosvelt". Le voila dans le triangle d'or. C'était il y a trente ans. Pour autant, le coiffeur n'arrive pas à détacher de ce salon. Faire la bise à ses employés, donner des conseils aux plus jeunes, coiffer les célébrités habituées du salon (comme Françis Lalanne, Adriana Karembeu ou Cécile de Minibus), tout cela fait partie de son quotidien. Le show biz est son fond de commerce depuis qu'une de ses clientes l'a introduit sur le plateau de Sacrée Soirée. Autre temps, autre émission, il arpente désormais les coulisses de la Star Ac : "Nous sommes souvent le dernier regard que croisent les artistes avant d'entrer en scène. La plupart de ceux que j'ai coiffé à la télévision sont ensuite venus dans mon salon.". Quand aux téléspectatrices de la Star Ac, elles ont rapidement poussé les portes des salons de coiffure Provost qui se développent à présent sous le modèle de la franchise. Superbe coup de pub!!!

Ambitieux, Franck Provost a commencé à racheter de petites enseignes dès les années 2000. La Coifferie, puis Jean Claude Aubry deux ans plus tard. Mais son plus beau coup reste l'acquisition de de Jean Louis David en 2007, alors que celui-ci avait tenté de l'avaler quelques années plus tôt avant de tomber dans le giron de l'américain Regis. D'un seul coup, l'entreprise triple de taille. "C'était incroyable, le petit qui avale le gros...". Fort de 2 enseignes majeures, Provost implante à tour de bras des salons à l'étranger. Débordé par sa vie trépidante de chef d'entreprise, Franck a raccroché les ciseaux au profit de Fabien, son fils de 34 ans propulsé à la direction artistique du groupe. Sa fille, Olivia (qui vient d'avoir un enfant) se charge de la communication du groupe.

Racheté en 2007 en même temps que JLD, Provost décide de réorienter le positionnement des coiffeurs Saint Algue en tant que coiffeurs écolos. "Avec ce nom, cela nous a paru évident" commente Olivia Provost. Coiff&Co, l'enseigne low cost commence également à piétiner les plates bandes de Franck François et ses coiffeurs Tchip. Pour 18euros la coupe brushing, on prend son peignoir en libre service, et il ne faut pas espérer plus de 7 ou 8 mèches à son balayage. Mais la plus grande fierté de Provost père reste la réussite des salons Niwel, une enseigne destinée aux chevelures afros : les cinq premiers salons font un carton plein... En 2009, Franck Provost rachète les salons de coiffure de son ami Jean Marc Maniatis. "il ne voulait vendre qu'à moi". Quatre salons super haut de gamme, d'où les clients ressortent plus léger de 200euros en moyenne. "Incontestablement l'enseigne la plus rentable du groupe".

"Je suis l'Afflelou de la coiffure" plaisante Franck Provost. Ce n'est pas complètement faux... Malgré les talents incontestables de Fabien, pas facile de passer après son père si charismatique. Attention tout de même à ce que la réussite du groupe ne repose pas sur les épaules d'une seule et même personne, il serait dommage de reproduire les schémas de Microsoft avec Bill Gates ou Apple avec Steeve Jobs. Quoi qu'il en soit, la passation semble se faire en douceur, et tous les professionnels de la coiffure sont unanimes quand quand à la "patte provost" de Fabien. Un groupe qui n'a pas fini de faire parler de lui, et c'est tant mieux...