Interview de Nathalie, gérante du salon Rapid'Hom

Le 01/06/2018 à 15h43 - Paroles de coiffeurs

Bonjour Nathalie, pouvez-vous nous présenter votre Barber Shop et nous expliquer votre parcours ?
Bonjour ! Je suis gérante du barber shop Rapid’Hom qui se trouve à Belley dans l’Ain. J’ai repris un salon de coiffure homme qui avait fermé il y a 27 ans. Concernant mon parcours, j’ai passé mon CAP Coiffure mixte en 1985 et mon BP Barbier trois ans plus tard. Ensuite, j’ai été salariée jusqu’en 1991 avant de monter mon propre salon. Nous sommes aujourd’hui trois collaborateurs : une salarié qui est là depuis vingt ans, une apprentie et moi-même.
Pourquoi avoir choisi de vous spécialiser dans la coiffure pour homme ?
J’ai toujours voulu faire de la coiffure pour homme. Ce qui me plaît c’est le contact avec la gente masculine, j’ai d’ailleurs plus de copains que de copines (rires). Je trouve que c’est plus simple avec les hommes, c’est aussi plus direct et cela me correspond mieux. J’aime bien aussi le travail de la coupe, c’est plus technique et on ne peut pas camoufler les imperfections avec un brushing !
Il y a 27 ans c’était novateur d’ouvrir un barber shop ?
Lorsque j’ai ouvert mon salon de barbier, la plupart des hommes se débrouillaient tout seul pour tailler leur barbe. Il n’y avait pas beaucoup de clients barbus. Par contre, il y avait des clients qui voulaient être rasés à l’ancienne. Quand j’ai démarré dans les années 90, c’était la période où on parlait beaucoup du Sida. Il y avait donc une méfiance du rasoir… Ce n’était pas dans les mentalités d’aller se faire raser chez le coiffeur. Lorsque j’étais apprentie, mon patron me racontait qu’il travaillait beaucoup la barbe et le rasage. Ça s’est perdu à la fin des années 80 avec l’apparition des rasoirs dans les grandes surfaces et la publicité faisant leur promotion. Je remarque que depuis cinq ans, la tendance de la barbe est à nouveau au goût du jour. Aujourd’hui, les hommes disent qu’ils vont “chez le barbier”. On a réussi à avoir une nouvelle clientèle avec cette tendance “barbe” et avec notre univers bien vintage.
Vous parlez d’une tendance “barbe” qui revient. Est-ce que les nouvelles séries comme Peaky Blinders avec un univers années 20 inspirent vos clients ?
Oui tout à fait ! C’est le coiffeur californien Julius César qui a créé la coupe des acteurs de la série anglaise Peaky Blinders. Nous avons beaucoup de jeunes qui viennent au salon pour avoir la coupe “Peaky Blinders” ! Quand on a des passionnés qui viennent au salon, ça fait plaisir !
Quel est l’univers que vous souhaitez transmettre à vos clients au travers de votre salon ?
L’univers masculin : une ambiance barber shop à l’ancienne avec des vieux fauteuils de barbiers des années 50, une déco masculine, des matériaux en bois, du gris taupe, du cuir, du bois, une machine à café… Je fais attention à avoir un univers très masculin.
Quel est le plus difficile en tant que gérante ?
Pour moi, le plus difficile en tant que gérante c’est la gestion du personnel et le recrutement. Une fois que la période d’essai est terminée, cela devient compliqué si la personne recrutée ne convient pas. Je n’ai pas beaucoup de personnel mais quand je dois remplacer un collaborateur c’est souvent difficile.
Pour le recrutement de vos apprentis ou salariés, est-ce qu’il vous arrive d’appeler leurs anciens patrons ?
Non je ne pense pas à le faire car j’ai beaucoup de travail et je suis souvent pressée de trouver quelqu’un. Je suis dans une petite ville et la coiffure homme n’attire pas beaucoup d’apprentis donc dès que je trouve quelqu’un je ne prends pas le temps de regarder en détail ses références. Je suis souvent dans l’urgence. Mais je pense que c’est une bonne chose pour éviter de se tromper dans le recrutement.
Quels conseils donneriez-vous aux gérants de barber shop pour le recrutement de nouveaux employés ?
Je pense qu’il faudrait appeler les anciens employeurs et demander au candidat des lettres de recommandations. Le souci c’est qu’en tant que coiffeur, nous ne sommes pas formés au recrutement. Nous sommes coiffeur avant tout, pas recruteur. Je pense qu’il faudrait suivre des formations ou sinon se fier à son feeling. Et surtout, je conseillerais de ne pas être dans l’urgence de vouloir recruter quelqu’un à tout prix.
Selon vous, quelles sont les missions les plus complexes dans le cadre de la gestion d’un salon de coiffure ?
Pour moi, la mission la plus complexe c’est la comptabilité. Pour tous les coiffeurs qui souhaitent ouvrir leur salon, je conseille de prendre un bon comptable. Il faut qu’il vous conseille notamment sur le fait qu’il faut prévoir une trésorerie lorsque l’on démarre. Souvent, on ne paye rien la première année mais il faut être très vigilant. J’ai eu la chance que mon comptable m'ait prévenue qu’il fallait faire attention à sa trésorerie la première année d’activité. On est des coiffeurs, pas des comptables… On n’est pas forcément au courant de tout ça. C’est donc important d’être bien entouré et d’avoir un bon comptable car les trois premières années sont souvent difficiles.
Quel conseil donneriez-vous aux nouveaux gérants afin qu’ils évitent les pièges lors du lancement de leur salon ?
Mon conseil premier serait de ne pas croire que lorsque l’on encaisse on va dégager des bénéfices dès la première année. Il ne faut pas oublier qu’il y a un décalage d’un an et beaucoup de dépenses la première année d'activité. Il faut être très prudent et faire attention à ne pas dépenser plus que ce que l’on gagne. En période de crise, il faut faire attention aux charges et être un bon gestionnaire. J’utilise le logiciel de caisse Wavy pour toute la gestion de mon salon. Je gagne du temps et ça va beaucoup plus vite que de tout faire à la main. Je ne passe plus mes week-end à faire la caisse. Avant d’utiliser le logiciel de caisse Wavy, je ne me rendais pas compte des chiffres et du nombre de prestations que je faisais. Aujourd’hui, grâce au logiciel de caisse Wavy, tout est détaillé et je peux compter le nombre de coupes et de produits que nous vendons. Je me rends mieux compte de mon activité avec les rapports financiers qui sont faciles à analyser. Ma comptable m’a d’ailleurs dit que c’était un super logiciel !
Êtes-vous présente au niveau digital ?
Je maîtrise bien Facebook et je passe beaucoup de temps dessus. Nous avons une page Facebook où je poste régulièrement les actus de notre salon ou des nouveaux produits. S’occuper de Facebook prend beaucoup de temps. Mais les réseaux sociaux me ramènent pas mal de monde au salon. Je travaille beaucoup la communication sur notre salon. D’ailleurs, nous réalisons deux vidéos de présentation chaque année où nous mettons en avant notre univers. Voici la dernière : 

Comment imaginez-vous le salon de coiffure du futur ?
Je vois le salon du futur comme un lieu atypique. Je pense que les gens auront plus envie d’être coiffés dans des lieux atypiques et d’avoir des expériences sympas que de simples visites dans un salon. Par exemple, les salons de coiffure en appartement où les clients se sentent comme chez eux sont vraiment à exploiter. Il faut aussi penser à la revente du salon avec un endroit sympa qui peut facilement se revendre ensuite.