Appel à la mobilisation en demi-teinte pour l'UNEC

Le 06/01/2015 à 14h57 - Expert Zone

Nous en parlions il y a quelques semaines, l'UNEC lançait un appel à la mobilisation auprès des coiffeurs. L'idée sous-jacente étant de communiquer au gouvernement le mécontentement des coiffeurs face à 4 points jugés critiques :
- Une baisse des charges
- La suppression du compte pénibilité
- La lutte contre la concurrence déloyale
- La loi Hamon
Le mouvement semblait avoir fédéré des coiffeurs, avec plus de 1000 partages de l'article sur MeilleurCoiffeur.com et près de 4000 signataires de la pétition sur le site de l'UNEC. Si l'objectif principal, à savoir de remettre la pétition à la ministre de l'Artisanat Carole Delga a été atteint, force est de constater que la mobilisation des coiffeurs sur le terrain a été plus que timide. En effet, seule une cinquantaine de personnes entourées d'une trentaine de CRS avaient fait le déplacement, afin d'accompagner Bernard Stalter dans sa remise de la pétition à la ministre. 

Plusieurs éléments peuvent expliquer cette faible mobilisation des coiffeurs. Tout d'abord, le jour de la tenue de la manifestation. Nous n'avons en effet pas bien compris pourquoi la manifestation s'est tenue le mardi, alors que le jour de repos des artisans est traditionnellement le lundi. L'UNEC a expliqué la volonté de la faire se tenir le 6 janvier du fait qu'il s'agisse de la rentrée des ministres, mais cette décision nous laisse songeurs. 
Deuxièmement, des actions en région ont, selon les dires de l'UNEC, été menées par les fédérations locales, ce qui effectivement peut modérer l'importance de la manifestation à Paris. Selon la directrice des relations publiques de l'UNEC, pas moins de 6 fédérations locales ont mené des actions directement dans leurs régions, et étaient reçues par les préfets, voire les députés au moment de la manifestation à Paris. Nous attendons donc le communiqué de presse officiel de l'UNEC pour vous en dire plus sur ce point. 
Troisièmement, et cela ne vous aura pas échappé, il existe depuis quelques mois un mouvement dissident à l'UNEC, appelé Coiffure en Danger, qui défend les intérêts des coiffeurs. Et si Coiffure en danger n'a, de par sa nature, pas la "légitimité syndicale" que peut avoir l'UNEC, force est de constater que le mouvement prend de plus en plus de place sur la scène de la contestation et de la défense des intérêts des coiffeurs.
De manière générale, les corps intermédiaires, quel que soit le secteur d'activité, perdent de leur crédibilité, et leur "autorité" est de plus en plus remise en question par des initiatives privées de contestation (à l'image du mouvement des pigeons qui a complètement éclipsé le MEDEF sur le sujet du PLF 2013). L'UNEC se retrouve aujourd'hui confronté à cette même situation, et voit sa légitimité historique mise à mal par ce mouvement.  
Ceci dit, le verre doit être vu à moitié plein... Si cette première action coup de poing de la part de l'UNEC n'a pas su fédérer autant de coiffeurs qu'elle aurait du, il y a quand même du très bon dans cette initiative. En effet, pour la première fois depuis bien longtemps, l'UNEC montre les dents et assume son rôle d'interface entre les pouvoirs publics et la défense des intérêts des coiffeurs. De plus, force est de constater que l'UNEC dispose des relations nécessaires pour faire bouger les choses. En effet, il n'est pas donné à tout le monde de se faire recevoir par une ministre, et Bernard Stalter semble avoir les épaules et le carnet d'adresses pour faire remonter les revendications des coiffeurs au plus haut niveau. Et enfin, l'UNEC, par la voix de leur directrice des relations publiques, nous a confié travailler sur une manifestation de plus grande ampleur courant Mars ou Avril. L'UNEC semble donc avoir pris pleinement conscience de son rôle, et semble vouloir renouer le contact avec les coiffeurs. 
Malgré tout, il reste une interrogation : qu'en est-il de la capacité des coiffeurs à défendre leurs intérêts ? Si en effet nombreux sont les acteurs du secteur à militer derrière leurs écrans, force est de constater que la profession est extrêmement complexe à fédérer, même quand il s'agit de défendre leur métier et leurs intérêts. Nous n'avons pas la réponse à cette question, mais nous avons l'intime conviction que la manifestation anti-RSI co-organisée par le mouvement Coiffure en Danger du 12 janvier sera un excellent baromètre de la solidarité et l'envie du secteur de faire valoir ses droits. Nous couvrirons donc également cet évènement, et espérons sincèrement voir de nombreux coiffeurs grossir les rangs de cette manifestation au combien importante pour l'avenir de la profession ! Nous comptons sur vous !
Les photos de la mobilisation :