Devient-il impossible de gagner sa vie en tant que coiffeur ?

Le 12/08/2014 à 13h52 - Expert Zone

Entre développement de la concurrence, accroissement constant des charges, et une clientèle qui espace de plus en plus ses visites pour économiser de l'argent, voir qui se déplace vers des salons low-cost, il semblerait qu'il soit de plus en plus compliqué pour un coiffeur de gagner correctement sa vie. A titre d'exemple, la ville de Reims (180 000 habitants) compte aujourd'hui 307 salons de coiffure déclarés, contre 131 il y a 10 ans. Et les premières victimes de ce développement non encadré et non accompagné de la croissance sont les gérants de salons, qui peinent à joindre les 2 bouts... Explications...
"D’après mes estimations, mon bénéfice, sur lequel je peux prélever un salaire, ne représente que 13 ou 15 % de mon chiffre d’affaires ! Je suis contente quand j’arrive à tirer un Smic au bout du mois" confie Isabelle Badet, gérante de salon de coiffure à Reims. Il faut reconnaître que les temps sont durs pour les coiffeurs... "C’est très, très dur, et de plus en plus. Il y a de plus en plus de salons ouverts, et certains font du low-cost à 10 euros la coupe par exemple, sur lequel on ne peut pas s’aligner !" indique Christophe, gérant d'un autre salon de coiffure à Reims. 
Il faut avouer que les raisons sont multiples, et elles font que les salons de coiffure ne tirent plus leur épingle du jeu :
- Augmentation non contrôlé des ouvertures de salon
- Augmentation constante des charges
- Espacement des visites de la part des clients
- Clients plus regardants à la dépense
- Produits de plus en plus chers
- Développement des activités non contrôlées sous le statut de l'auto-entrepreneur
Selon Stéphane Amaru, l'année 2015 devrait connaître la fermeture de 15 000 salons de coiffure en France. 
Pourtant, il semblerait qu'il existe des solutions rapport à cette situation. Et la première passe par un maintien, voir une augmentation des prix... En effet, en temps de crise, le premier critère d'ajustement effectué par les salons de coiffure est la baisse des prix, ce qui est une erreur. En effet, une baisse des prix cumulée avec un espacement de la fréquence de visite amène à la situation d'une fonte du bénéfice. En revanche, un maintien, voir une augmentation des prix tout en augmentant parallèlement sa qualité de service pourrait bien être la solution à ce problème.
Prenons une fois de plus l'exemple de Stéphane Amaru, et de son salon Didact Hair Building à Paris, que j'ai eu la chance de fréquenter. La moindre coupe est à 70 euros. Si on met de côté le fait que le salon soit à paris, ce qui signifie un pouvoir d'achat plus important, il y a quelques techniques à prendre qui sont intéressantes... Par exemple, une bouteille de shampooing est offerte à chaque client qui se fait couper les cheveux dans le salon. Un geste en apparence anodin, mais qui ne l'est pas. En effet, le coût de la bouteille de shampooing offerte est largement compensée par le prix important de la coupe. Finalement, la bouteille est "vendue de force" au client au travers d'un prix de coupe élevé. Mais ce qui est plus intéressant encore, c'est que de par ce "cadeau", le salon Didact est probablement l'un des plus gros revendeurs de produits professionnels en salon en France, ce qui lui permet de mettre la pression à son fournisseur pour baisser ses prix, et ce sur la totalité de la gamme de produits commandés (shampooing, mais également soins ou couleurs), et ainsi de marger davantage sur la technique. Un cercle vertueux en quelque sorte. 
Maintenant me direz-vous, il faut que le client accepte de payer plus cher sa coupe. Et cela passe par une qualité de service irréprochable : salon tendance, café offert (avec verre d'eau SVP...), employés en costume, sièges massants, massages du cuir chevelu prolongés... Votre client doit avoir le sentiment d'exclusivité quand il entre dans votre salon. Un service VIP en quelque sorte, qui fera que le client ne rechignera pas à débourser une somme conséquente, quand il regarde la qualité de la prestation qui lui a été fournie. 
Vous l'aurez compris au travers de cet exemple, la baisse des prix n'a jamais été la bonne solution pour les salons de coiffure. Se positionner sur le haut de gamme quand on est coiffeur, c'est un peu comme se positionner en tant que Chanel quand on a H&M en face. Pour que H&M s'en sorte, il faut qu'il y ait des volumes. Et quand les volumes se tarissent, la ou les prix bas ferment leurs enseignes, les maisons de luxe maintiennent leur activité car leur marge dégagée leur permet de faire face à la baisse d'activité. 
S'il vous plaît ne touchez pas à la variable prix, il en va de la survie de votre salon. Ajustez plutôt les 3 autres variables, à savoir placement, produit et / ou promotion !