Faire du black, le secret de polichinelle des coiffeurs ?

Le 21/07/2015 à 10h07 - Expert Zone

Hier soir, en consultant mon compte Facebook, je suis tombé sur une discussion sur un groupe réservé aux professionnels. Et cette discussion avait pour sujet le black. Plus particulièrement le fait qu'une jeune femme ait partagé sur un groupe de professionnels de la coiffure une demande d'information pour une cliente qu'elle avouait coiffer au black. S'en suit une levée de boucliers des coiffeurs qui s'insurgent contre le fait de faire du black, les temps sont durs, la crise, le RSI tout ça tout ça... Une discussion qui naturellement s'enflamme au moment ou presque tous les patrons ont reçu leur appel à cotisation du RSI... Et pourtant, une réaction censée a fait irruption dans les commentaires : "Qui d'entre vous n'a jamais fait de " black " ?"... 
Car oui, les coiffeurs sont des artisans, et le black fait partie de la culture des artisans... Mais le black, ça reste un secret de polichinelle en France, et pour cause... Le travail au noir représente un manque à gagner pour l'état en terme de cotisations sociales de l'ordre de 20 milliards d'euros par an... Un montant qui représente 5% de l'ensemble des cotisations, alors que celui-ci représentait 2% du montant des cotisations sociales en 2004. Et dans le monde de la coiffure plus particulièrement, on compterait 4,2% d'entreprises qui frauderaient les cotisations sociales (un chiffre largement sous-estimé, car datant de 2004, le statut d'autoentrepreneur et les nouvelles technologies (Le Bon Coin) couplés avec la crise ayant très largement accéléré ce phénomène). En somme, fermer les yeux sur cette pratique et affirmer qu'elle n'existe pas dans le monde de la coiffure relève du fantasme, les coiffeurs comme tous les artisans sont concernés par ces pratiques. 
Et on comprend pourquoi... Le taux moyen de prélèvement social pour un employé en France est de l'ordre de 46%. Si on ajoute cela au matraquage fiscal permanent des entreprises françaises (TVA, impôt sur les sociétés, RSI...), on comprend que l'envie de rogner sur les cotisations sociales soit grande. Mais également très risqué... Les employeurs risquent en effet 45 000 euros d'amende et 3 ans de prison, et chaque année, ce sont plus de 6500 cas de figure qui sont envoyés devant les tribunaux (10 par jour, tous secteurs d'activité confondus). 
La conclusion de cet article, c'est donc qu'il n'y a pas de conclusion... Le black existe dans la coiffure, comme il existe dans tous les métiers de l'artisanat. C'est un risque pris par les entrepreneurs, pour diverses raisons : survie de leur entreprise, ou tout simplement appât du gain. Mais quoi qu'il en soit, que des gens de la profession se disent outrés et choqués parce qu'un coiffeur déclare faire du black, c'est un peu l'histoire de la poutre dans l'oeil non ?